Notre profil émotionnel correspond à notre manière la plus récurrente de réagir aux expériences vécues.
Le style émotionnel est propre à chaque personne. C’est ce qui rend l’individu davantage sujet à certains états émotionnels, à certaines humeurs ou encore à certains traits émotionnels.
Il faut savoir que les humeurs peuvent durer de quelques heures à quelques jours alors que les traits émotionnels peuvent durer des années. Lorsque ces derniers perdurent, ils vont composer le tempérament et la personnalité de chaque individu.
En résumé, on peut donc dire qu’une émotion que l’on ressent et qu’on laisse durer dans le temps va fortement influencer notre tempérament et avoir un impact majeur sur notre personnalité.
Connaître son profil émotionnel est donc primodial pour mieux se connaître et mieux comprendre ses ressources pour plus de confiance en soi.
Connaître le profil émotionnel
Les 6 dimensions du profil émotionnel
1 – la résilience : la rapidité ou la lenteur avec laquelle nous récupérons après une épreuve difficile
2 – la perspective : notre faculté à maintenir une émotion positive dans le temps
3 – l’intuition sociale : notre capacité à détecter les signaux exprimés chez les autres
4 – la conscience de soi : notre niveau de perception des sensations physiques dans notre corps
5 – la sensibilité au contexte : notre capacité à réguler nos émotions selon le contexte
6 – l’attention : notre focus et notre concentration
L’activité cérébrale associée aux émotions
Chacune de ces 6 dimensions est associée à une région cérébrale spécifique. Nos expériences émotionnelles se créent à partir de la combinaison des activités de ces zones et de leurs connexions. C’est d’ailleurs en observant l’activation de circuits cérébraux précis et identifiables que les chercheurs peuvent mesurer l’activité cérébrale des émotions.
Mais avant d’aller plus en détail dans chacune des dimensions évoquées ci-dessus, je vous propose d’en apprendre un peu plus sur l’origine du profil émotionnel.
L’histoire du style émotionnel
« Les profils émotionnels, apprendre à les connaître et mieux vivre avec »
C’est l’ouvrage de Richard Davidson et Sharon Beggley, sur lequel je me suis basée pour cet article. Ce livre, paru en 2018 aux Éditions Les Arenes, est aussi disponible sous le titre original « The emotional life of your brain – how to change the way you feel, think and live ». J’ai pour habitude de regarder les titres originaux des ouvrages traduits car ils apportent souvent un petit plus pour mieux comprendre le message de l’auteur. Ici, on pourrait le traduire par « La vie émotionnelle de votre cerveau – comment changer notre façon de ressentir, de penser et de vivre ». Rien que ça !
Richard Davidson, issu de Harvard, est professeur de psychologie à l’Université du Wisconsin.
Mondialement reconnu, il est le fondateur du Center for Investigating Healthy Minds. Cette institution étudie « comment les qualités mentales prisées par l’homme depuis l’aube de la civilisation – comme la compassion, le bien-être charité, l’altruisme, lagénérosité, l’amour etc… se forment dans le cerveau et comment on peut les encourager » (Source Wikipedia) . Aujourd’hui, il est considéré comme le père des neurosciences contemplatives.
Sharon Begley, journaliste scientifique, est l’auteure de « Entraîner votre esprit, transformer votre cerveau » paru en 2008.
Les liens entre les émotions et les pensées
Davidson a combiné ses recherches avec celles en neurosciences affectives, d’autres chercheurs à travers le monde pour observer la vie émotionnelle du cerveau. Il a ainsi pu confirmer le fait que chaque individu a un profil émotionnel qui lui est propre.
Son équipe a également mis en évidence la superposition des circuits du cerveau émotionnel avec ceux du cerveau pensant et rationnel. On sait maintenant qu’il y a une perméabilité entre les circuits cérébraux qui régulent les émotions et ceux qui ont une fonction purement cognitive.
Méditation et émotions
Étant l’un des précurseurs dans l’étude des émotions en neurosciences, il a eu l’occasion de mener des travaux sur l’impact de la méditation sur le cerveau. Plusieurs de ces études ont été réalisées en partenariat avec le Dalai Lama et des moines boudhistes pratiquant la méditation de façon intensive.
C’est pourquoi cet ouvrage relate de nombreuses études d’observation sous IRM fonctionnel, des effets bénéfiques de la méditation sur la structure et les fonctions du cerveau et par conséquent sur le style émotionnel.
Comment connaître votre profil émotionnel ?
Afin d’identifier vos traits émotionnels et découvrir votre cartographie émotionnelle, pour chacune des 6 dimensions, placez le curseur là où vous pensez vous situer, .
Mais avant de commencer, il est important de garder en tête le fait qu’il n’y a pas de profil émotionnel parfait ou modèle. Chaque combinaison des 6 dimensions correspond à un seul individu, riche de son expérience.
La dimension de la résilience
Une personne extrêmement résiliente peut manquer de motivation pour relever des défis. De même, elle peut tout à fait accepter n’importe quel échec en haussant les épaules.
À l’opposé, une personne très lente à récupérer peut ne pas parvenir à passer à autre chose et continuer à entretenir des émotions négatives longtemps après avoir essuyé un revers.
La dimension de la perspective
Les individus dépressifs par exemple sont capables de ressentir une émotion positive, mais n’ont pas la capacité de faire durer cette émotion.
Le circuit de récompense comprend le cortex préfrontal et le noyau accubens. Des recherches ont montré que l’activité de la dopamine dans le noyau accubens pourrait être associée à la composante motivationnelle de la récompense, qui détermine la volonté et la persévérance. Le noyau accubens dont l’activité est stimulée par des signaux envoyés par le cortex préfrontal est aussi lié aux sensations de plaisir du fait de ses récepteurs aux opioïdes.
La dimension de l’intuition sociale
Les chercheurs ont noté que les personnes autistes ne pouvaient pas fixer le visage des autres, tout particulièrement leur regard. Ce qui les empêchait de lire les expressions simples et autres indices sociaux dans leur entourage.
Une personne socialement intuitive va être capable de détecter tous les signes, même lorsqu’ils ne sont pas verbaux.
La dimension de la conscience de soi
La défense répressive : l’individu nie ressentir stress ou angoisse, mais son corps raconte une toute autre histoire.
Les personnes dans cette situation ne mentent pas et ne refoulent pas consciemment leurs réactions. Elles ignorent vraiment ce qui se passe en elles car elles sont incapables de percevoir correctement leurs états internes. Ce qu’elles disent et ce qu’elles ressentent divergent énormément de la mesure objective de leurs états.
Une forte activation de l’insula est associée à une plus grande conscience de soi en termes de sensations physiques et d’émotions.
L’insula reçoit les signaux émis par les organes viscéraux. Avec le cortex somatosensoriel, il est impliqué dans la perception des sensations internes. Un des exemples les plus parlants est celui des personnes capables de sentir et compter leurs battements cardiaques.
La dimension de la sensibilité au contexte
Une personne hyperconcentrée sur le contexte social peut devenir émotionnellement paralysée. Submergée par son désir de prendre en compte toutes les nuances de l’environnement social, elle peut être bloquée par sa peur de faire des erreurs. Dans son cerveau, on notera alors une forte activité de l’hippocampe qui est le siège des souvenirs du contexte. C’est à dire qu’elle va beaucoup se baser sur son expérience passée pour oser agir.
Il faut savoir qu’une forte connexion au contexte peut amener la personne à vouloir toujours adapter son comportement. Ce réflexe de suradapation à ce qu’elle perçoit comme étant les exigences de la situation peut même la conduire à oublier sa propre authenicité.
A l’opposé, être insensible au contexte amène l’individu à confondre une situation familière sans danger avec une situation nouvelle et potentiellement menaçante. On a observé dans ce cas, une faible activité de l’hippocampe. Comme si la personne se réfère peu aux souvenirs du passé pour adapter on comportement.
La dimension de l’attention
L’attention sélective est une décision consciente de se concentrer sur certaines caractéristiques de l’environnement et d’en négliger d’autres. C’est une capacité essentielle pour d’autres dimensions du style émotionnel puisque son absence peut limiter la conscience de soi ou la sensibilité au contexte.
La conscience ouverte et sans jugement est la capacité à accueillir tous les signaux qui proviennent de l’environnement, ainsi que les pensées qui nous viennent, sans se focaliser sur un sens ou un stimulus en particulier.
Les 6 dimensions du profil émotionnel sont à envisager comme les ingrédients de la recette composant notre personnalité. Il n’y a donc pas de profil type-idéal. Il y a juste autant de combinaisons possibles qu’il y a d’individus.
Notre profil émotionnel peut changer
Notre capacité à modifier notre profil émotionnel
Le style émotionnel reflète des modèles spécifiques d’activité cérébrale, produite par les connexions, les circuits, les relations structures/fonctions ou encore la neurochimie. Mais, il n’est pas figé dans le temps car le cerveau a une capacité à modifier sa structure et ses fonctions du fait de sa neuroplasticité.
Ainsi, il peut donc être modifié par des expériences imprévues ou par un effort conscient et délibéré, à n’importe quel moment de la vie. En d’autres termes, nous pouvons modifier notre profil émotionnel en cultivant délibérément certaines qualités ou habitudes mentales.
Chaque personne peut changer son style émotionnel en travaillant sur chacune de ses dimensions.
L’influence de l’environnement sur le style émotionnel
Richardson aborde aussi la prédisposition génétique. Le profil émotionnel tient compte de la notion d’hérédité et est soumis à l’influence de l’épigénétique.
On sait que l’environnement affecte le degré auquel nos gènes sont activés ou désactivés. Il détermine alors quels traits nous exprimons parmi ceux dont nous avons hérité, créant ainsi les différences épigénétiques.
C’est ainsi que l’environnement dans lequel on évolue façonne notre comportement et nos fonctions cérébrales.
Un nouvel environnement ou des expériences douloureuses peuvent donc modifier notre style émotionnel.
Pour conclure,
Comprendre les fondements neuronaux de l’émotion a permis de comprendre pourquoi nos perceptions et nos pensées sont modifiées quand nous ressentons des émotions.
Par ailleurs, il nous serait également possible d’utiliser le processus cognitif pour réguler et transformer délibérément une émotion. En d’autres termes, nous pouvons décider de changer les émotions que l’on ressent au quotidien, et cela passe par la maîtrise de nos pensées.
C’est une des raisons pour lesquelles, la préparation mentale est très importante lorsque nous traversons des moments d’importants changements dans notre vie. En effet, les transitions peuvent provoquer des émotions intenses comme la peur du changement et la peur de l’inconnu.
La bonne nouvelle c’est qu’aujourd’hui, pouvoir se préparer mentalement n’est heureusement plus réservé qu’aux sportifs qui affrontent des épreuves.
En effet, vous pouvez faire appel, vous aussi, à un Coach personnel ou professionnel pour vous y aider.
Tres intéressant cet article merci
D’où l’importance de développer son intelligence émotionnelle 😊
Merci pour cet excellent article.
Il serait intéressant de pouvoir compléter un radar sur ces 6 dimensions pour détecter les points que l’on souhaite travailler en priorité, vois se comparer à soi même dans le temps !
j’ai appris pas mal de choses en lisant ton article sur le profit émotionnel et tes petits graphiques avec curseur sont vraiment sympas pour facilité la compréhension des concepts.
Merci pour cet article très intéressant. Je ne savais pas qu’on pouvait changer consciemment de profil émotionnel… Pour moi, c’est certainement une piste (et un gros travail) à envisager car je suis constamment submergée par mes émotions.
Article super intéressant, je ne connaissais pas tou ça. Merci beaucoup ☺️
Merci beaucoup pour cet article très enrichissant ! J’ai beaucoup aimé les schémas que tu as fait, ils sont très parlants. Je vais essayer de les garder en tête. 🙂
Super article vraiment très complet. J’ai appris de nouvelles notions telles que l’intuition sociale et la défense répressive. Avec ce système, je trouve qu’il est beaucoup plus aisé de se situer et d’en apprendre sur soi-même.
Merci pour cet article des plus intéressant.
J’ai particulièrement été intrigué par le point sur la sensibilité au contexte.
Ayant eu un père militaire, mon enfance a été faite de déménagement tous les 2 ans. Je me suis ainsi construite en m’adaptant constamment à un nouvel environnement.
Si cela m’a aidé dans de nombreuses situations, j’ai bien failli perdre ma propre identité à la longue. Je veuille désormais à ne pas me sur-adapter en toute situation.
Pour cela, je cultive l’habitude du moment présent et de l’amour de moi-même. Cela me permet de rester à mon écoute tout en évitant de verser dans les penchants de la sur-adaptation.
Merci pour le partage!
Merci beaucoup pour cet article!
Je suis fière de moi quand je vois l’évolution que j’ai faite sur mes émotions!
Merci Véro 🙂 !
Je ne connaissais pas ces profils émotionnels …très intéressant!!
Très intéressant cet article sur les profils émotionnels
Merci beaucoup
Merci Vero pour cet article vraiment « game-changer ». J’ai entre autres réalisé en te lisant que je suis hyper-résiliente… en compensation d’un manque de perspective. Ce qui fait que la vie est une bataille, où j’ai confiance en ma capacité à gérer les difficultés, mais une bataille quand même (un legs familial, cette idée de vie comme une bataille… 😉 )
Au grand plaisir!
Article très intéressant et la bonne nouvelle est que nous pouvons agir sur notre profil émotionnel … nous ne sommes donc pas confiné à être catalogué éternellement … tout dépend donc de nous et du travail que nous faisons sur nous-même …